top of page
Image de Metin Ozer

Europe

Meloni fait du "Sarkozy"
(mais peut-elle faire autrement ?)

On peut à la fois dire la vérité et être de parfaite mauvaise foi. Ainsi en est-il des récentes déclarations de Gérald Darmanin sur la politique migratoire de Giorgia Meloni.

Malgré une campagne tonitruante sur l'indispensable lutte contre l'afflux d'illégaux dans "la Botte" dès son arrivée au pouvoir, confortée par une solide majorité dans les deux chambres, cela n'a presque rien changé à la réponse que l'État italien apporte au débarquement des migrants.

Elle a contrarié l'activité des ONG de sauvetage en mer, véritables complices objectifs des passeurs, mais l'impact est négligeable car une petite moitié des embarcations arrivent directement à Lampedusa et la Marine italienne fait finalement la même chose que les ONG. Elle intercepte ou "sauve" des embarcations à la dérive et ramène tout ce beau monde dans les ports italiens.

Nous sommes dans la version romaine du syndrome "Karcher-Kouchner" du matamore Sarkozy.

Et s'il en fallait une preuve supplémentaire, il n'y a qu'à observer la mutation des médias progressistes européens, tant italiens. Totalement déchaînés contre l'énergique et sympathique présidente de Fratelli d'Italia, désignée comme postfasciste, crypto-fasciste ou simplement fasciste, ils sont devenus étrangement modérés dans leurs critiques à l'égard de celle qui est devenue le 68ème Président du conseil italien. Çà et là, on loue son pragmatisme économique, on note ses relations apaisées avec Bruxelles, on apprécie son soutien à l'Ukraine ainsi que son attachement à l'OTAN, etc.

Clément Beaune, ministre communautariste de la minorité gay, reprochait dernièrement à Giorgia Meloni une politique restrictive sur les droits homoparentaux, mais... mezzo voce.

L'invasion migratoire bat son plein par la Méditerranée centrale et la locataire du Palazzo Chigi répète à peu près la même "canzone" que ses prédécesseurs.

"Il faut une solution européenne", "il faut soulager l'Italie en répartissant la charge migratoire", "il faut coopérer avec les pays de départ et lutter contre les passeurs", "il faut augmenter l'aide au développement pour fixer les migrants chez eux".

Plus de 10 ans après les Printemps arabes et l'explosion des flux qu'ils ont déclenchée ou permise, le même disque rayé tourne sans relâche.

On sait pourtant que rien de cela ne marche. Quand un continent d'infinité pauvreté, de violences ethnico-religieuses et de natalité explosive fait face à une terre relativement "riche", pacifiée, tolérante et en repli démographique telle que l'Europe, la théorie des vases communicants fonctionne inexorablement, sauf à y opposer une résistance farouche.

Les pays du Maghreb font quelques efforts, surtout le Maroc, pour refouler les migrants subsahariens, mais quand c'est leur propre population qui veut prendre le large, il leur est beaucoup plus difficile de s'y opposer, tant leurs opinions publiques sont du côté des candidats au départ. De plus, les passeurs corrompent des polices locales qui ferment les yeux sur leurs activités, et les gardes-côtes sous-équipés qui sont tout aussi corruptibles.

Il y a une similitude évidente entre le trafic de stupéfiants et le trafic de migrants.

Beaucoup d'argent en jeu avec tout ce qu'il permet et beaucoup de consommateurs - les migrants eux-mêmes - qui, loin d'être des "victimes", sont tout aussi demandeurs que les acheteurs de "shit", de "coke" ou de "meth". Overdoses mortelles dans un cas, nombreuses noyades tragiques dans l'autre. La "consommation" tue régulièrement, mais ne dissuade nullement.

Que faudrait-il faire ? Faire exactement ce que les progressistes reprocheraient violemment à Giorgia Meloni de faire si elle le faisait : refouler les bateaux de migrants, quelles qu'en soient les conséquences. Mettre de côté un droit de la Mer totalement détourné qui permet un débarquement continu de ce qu'il faut bien appeler des colonisateurs.

Et c'est là que se situe l'immense mauvaise foi de Gérald Darmanin. Passons sur l'incapacité crasse de nos gouvernants depuis des années à protéger nos propres frontières et à expulser les clandestins. Que dirait l'homme de Beauvau et ses acolytes du gouvernement si l'Italie défendait ses et nos frontières communes en pratiquant la seule politique efficace ?

La patrie de Dante deviendrait "mussolinienne, fasciste, inhumaine, criminelle, etc.". L'UE brandirait la menace de sanctions. La justice européenne et italienne entamerait des poursuites contre les dirigeants transalpins. Salvini en sait quelque chose pour avoir simplement retardé l'accostage d'un bateau d'une ONG transporteuse de colons.

L'Église, le Pape en tête, crierait à la violation des principes chrétiens, ce qui est tout de même un problème dans un pays encore très catholique. Malgré le soutien sondagier probable d'une majorité de concitoyens, Giorgia Meloni deviendrait la femme à abattre.

Et puis elle n'est pas folle. Elle sait parfaitement que, tout comme en France, c'est quand même le pouvoir d'achat qui préoccupe principalement ses concitoyens. Alors à quoi bon risquer les dizaines de milliards du plan de relance européen dont elle a tant besoin pour faire repartir une économie atone. Du coup, on prend les mêmes et on recommence indéfiniment.

Ils arrivent au Sud de l'Italie ou de l'Espagne (moins), ils débarquent, on les enregistre ou pas, on les laisse dans la nature et souvent aidés par des ONG complices, ils prennent le chemin des frontières septentrionales des deux péninsules, d'où ils tentent sans relâche de passer chez nous, dans l'indifférence totale des Carabinieri, côté italien, qui regardent d'un air goguenard ces assiégeants camper dans les villes et les villages frontaliers des nôtres.

Les Italiens ont l'habitude. Cela fait des années que ce petit manège fonctionne cahin-caha. Certes, les choses se gâtent chez eux également, car de guerre lasse, certains envahisseurs s'installent et dégradent le pays. Certains y trouvent du travail, puisque là-bas aussi, et sans doute encore plus qu'ici, des patrons peu regardants utilisent au black une main-d'œuvre illégale à bas coût qui a le mérite d'exister dans un pays où l'effondrement démographique engendre de graves pénuries de travailleurs pour les boulots que les autochtones ne veulent pas faire, malgré un taux de chômage qui frise les 8 % et bien davantage chez les jeunes.

Résultat, nos voisins ont leur version du "Grand Remplacement", "l'Italie sans Italiens", comme le titrait il y a quelques jours le magazine milanais Panorama.

En vérité, nous sommes tous dans une impasse. Lutter contre l'invasion quand l'État de droit la protège - en Italie comme dans toutes les démocraties occidentales - ressemble à une course de sac avec, en prime, des obstacles tortueux. Avancer est un défi et trébucher constitue la règle.

Dans le grand émoi politique qu'a créé l'invective darmanienne, notre camp national, RN en tête, a pris fermement le parti de la fringante romaine. Et c'est bien compréhensible. Comment en effet ne pas soutenir une alliée identitaire, car idéologiquement cette alliance existe bien.

Mais à se solidariser aussi nettement d'une dirigeante si prometteuse, mais qui objectivement fait très peu pour modifier son droit afin de défendre son pays (et indirectement l'Europe) avec un nouvel État de droit plus défensif, ne courre-t-on pas le risque de crédibiliser ceux qui en France affirment que l'extrême droite ne résoudra rien... la preuve !

Dans la réalité, nous ne pouvons rien imposer à nos amis transalpins comme à nos amis ibériques, sauf à les mettre au pied du mur de notre détermination et d'un marché très simple. "Ou bien vous éloignez systématiquement - et à bonne distance (100 km au moins) - les migrants clandestins (mineurs inclus) de nos frontières afin de complexifier considérablement leurs tentatives de les franchir, ou bien nous imposerons un renforcement exponentiel des contrôles" avec l'aide d'une armée française qu'il faudra mobiliser pour participer à cette tâche.

Arrêtons de déployer des troupes dans des opérations extérieures sans véritable issue. Nous en avons besoin pour défendre les limites de notre maison commune, la nation française. "Mais cela créerait des bouchons transfrontaliers gigantesques et gênerait le commerce, le tourisme, etc.", nous dira-t-on. Peu importe, il faut savoir assumer les conséquences de choix civilisationnels cruciaux.

Peut-être qu'alors, l'accumulation de migrants non-désirés bloqués chez eux amènera nos voisins à prendre le taureau par les cornes. C'est ça ou l'inéluctable colonisation de la France.

Frédéric Amoudru
Ancien cadre dirigeant dans le secteur bancaire.

bottom of page