SANTE
La crise sanitaire liée au SARS CoV2 a confirmé (pour ceux qui en doutaient encore) la fragilité du système de santé organisée par les politiques de gestion des gouvernements successifs depuis environ 15 ans.
La saturation des hôpitaux est le principe même de la gestion hospitalière car elle permet de satisfaire aux exigences de rentabilité tout en acculant le personnel soignant à accomplir toujours plus pour maintenir la qualité des soins dans une organisation avare de moyens, c'est ce qu'on appelle élégamment l'optimisation...
C'était sans compter l'ironie du sort... Ce modèle n'était pas viable à long terme et c'est d'ailleurs ce que certains chefs de service avaient déjà dénoncé à peine un an avant ce séisme.
L'épisode Covid constitue un tournant historique dans la médecine et un révélateur des tentations politiques.
En effet, pour la première fois, sous couvert de santé publique et avec l'appui de médias anxiogènes, une situation sanitaire préoccupante a été instrumentalisée politiquement.
On se souviendra de l'inoubliable discours de M. Castex lors du deuxième confinement) afin de restreindre significativement les libertés individuelles sans vraiment tenter une concertation avec tous les acteurs de la santé pratiquant ainsi une forme de déni de soins et d'expertise en plus du déni de démocratie ; tout cela dans une logique de dissimulation des failles chroniques du système ( pénuries, conflits d'intérêts avec les industries pharmaceutiques...).Il reste en travers de la gorge de nombreux médecins le fait de leur avoir interdit de prescrire certains traitements portant atteinte à leur liberté de décision et de soigner en leur âme et conscience dans le respect du lien médecin-patient.
Laissons-leur le bénéfice du doute...
Avaient-ils peur d'une double catastrophe sanitaire? Les hôpitaux sous tension saturés par les patients covids n'auraient plus été capables de prendre en charge les autres urgences sanitaires... c'est cela le véritable enjeu et pas simplement le nombre de cas covids en réanimation.
La crise sanitaire a aussi dévoilé les futurs enjeux éthiques à venir.
Ainsi on n'oubliera pas l'émoi suscité :
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par la perception d’un triage des patients en réanimation,
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par les consignes occasionnelles et inquiétantes concernant la prise en charge des personnes âgées atteintes de formes graves (autorisation temporaire des médecins traitants à utiliser des produits de sédation profonde ...une première !... ),
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du traitement des patients dans les EHPAD.
Pourtant, ces questions ne sont pas réservées qu'aux malades du Covid, elles sont récurrentes avec le vieillissement de la population et la prévalence des maladies chroniques.
Où est la frontière entre soins palliatifs et euthanasie? Comment prendre en charge les personnes dépendantes ?
Autre tentative voire tentation suscitée par la pandémie : L'Intelligence Artificielle (IA). De la médecine de réparation à la médecine augmentée via l’IA ? L'IA a échoué et n'a pas apporté l'aide escomptée durant la crise comme l'ont prouvé les échecs des applications « Stop Covid » (traçage) ou Covidia (modélisation prédictive).
Or comme pour les thérapeutiques dites innovantes, les enjeux économiques sont trop importants pour renoncer à ce qui, présenté comme le meilleur deviendra peut-être aussi le pire en éloignant le médecin de son patient.
Les leçons à tirer de la catastrophe actuelle sont d'une part que la médecine a en partie échoué, en raison d’une certaine désorganisation et de sa perte d'autonomie, à préserver sa principale fonction : garantir la santé (physique, mentale et économique) d'une société, et d'autre part, essayer de veiller à l'avenir sur l'essentiel ... considérer l'humain comme une fin en soi et non comme un moyen. On nous opposera que les moyens ne sont pas infinis et que l’économie a ses droits. Certes mais pour nous médecins c’est l’humain qui prime.