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IMMIGRATION

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Photo © Cecilia Fabiano/LaPresse/Shutter/SIPA

Crise migratoire à Lampedusa, la solution du blocus naval

Par Jean Messiha

 Le seul mode de blocus naval possible tant sur le plan militaire qu’humain est un blocus aux limites des eaux territoriales des deux pays de départ que sont la Tunisie et la Libye, explique Jean Messiha, président de l’Institut Vivre Français.

Une origine étymologique lointaine attribue le nom de Lampedusa à une espèce d’huître très présente sur son littoral. Loin d’être aussi hermétiquement fermée que le crustacé dont elle porte le nom, cette île italienne est aujourd’hui en proie à une invasion de migrants venus par la mer. Depuis le 11 septembre 2023, plusieurs dizaines de bateaux ont ainsi déversé pas moins de 11 000 personnes en provenance d’Afrique du Nord.

Au total, ce sont plus de 127 000 migrants qui ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, soit le double par rapport au nombre de migrants arrivés à la même période en 2022.

Cet afflux massif et continu de migrants, pour la plupart subsahariens, maghrébins et masculins (on est loin de la “parité” si chère aux gaucho-“progressistes”) relance inévitablement, et pour la énième fois, le lancinant débat sur la politique migratoire. Qui plus est, dans un contexte où les peuples européens disent massivement non à tout accueil de migrants supplémentaires, comme en attestent les sondages qui se succède depuis des années.

Les termes du débat public autour de la migration ne sont toutefois pas satisfaisants, tant s’en faut. Les gaucho-“progressistes” ont une position qui consiste à dire “on ne peut rien faire et donc la seule solution est de ventiler les migrants sur toute l’Europe”. Ce discours est repris par le président de la République française, Emmanuel Macron, dont la politique migratoire se résume à une “relocalisation” des migrants dans les territoires français qui n’en ont pas actuellement, à savoir principalement la France rurale ainsi que dans les villes petites et moyennes. Ne parlons pas de la Nupes pour qui l’invasion migratoire n’est pas un problème mais un projet susceptible d’accélérer l’objectif de créolisation de la France cher à Jean-Luc Mélenchon. Autant dire son grand remplacement.

De l’autre côté du spectre politique, le camp national déclare ne vouloir accueillir aucun migrant sur le sol européen. L’ambition est louable mais pèche par manque de précision opérationnelle. Pas de migrants, très bien, mais comment, concrètement les empêcher d’arriver sur les côtes européennes ?

"Il faut un blocus naval"

Le mode opératoire pour réduire drastiquement l’afflux d’une immigration supplémentaire est pourtant assez simple : il faut un blocus naval.

Un blocus naval ? Fort bien. Mais comment exactement ? Le seul mode de blocus naval possible tant sur le plan militaire qu’humain est un blocus aux limites des eaux territoriales des deux pays de départ que sont la Tunisie et la Libye, et ce, pour plusieurs raisons.

Si on laisse les embarcations — et en particulier les plus petites — progresser jusqu’à la limite des eaux territoriales italiennes, la distance pour retourner à la côte de départ, la Tunisie ou la Libye est bien trop importante (plus d’une centaine de kilomètres) et donc beaucoup trop risquée. Aucune marine militaire n’acceptera de refouler les bateaux dans ces conditions, en prenant le risque inconsidéré d’être mise au banc des accusés en cas de naufrage meurtrier.

En revanche, en arraisonnant les bateaux à la limite des eaux territoriales du pays de départ, soit 12 milles marins (22 kilomètres) au large, le risque du refoulement est beaucoup plus faible et les marines nationales européennes pourront, de surcroît, appeler les garde-côtes tunisiens ou libyens.

Les objections peuvent facilement être levées

À cette stratégie, six objections peuvent être opposées, toutes pouvant être facilement levées.

“Comment allez-vous empêcher les bateaux de quitter les eaux territoriales tunisiennes ou libyennes ? En leur tirant dessus ?” Bien sûr que non ! Et d’ailleurs nul besoin d’arriver à cette extrémité pour atteindre le but recherché. Il suffit de regarder du côté de la Grèce. Que font les garde-côtes grecs ? Ils refoulent les bateaux vers la Turquie avec très peu de casse. Toutefois, si passeurs et/ou migrants se rebellent contre l’arraisonnement, il faut faire parler les armes non létales de maintien de l’ordre, comme on le ferait pour calmer des émeutiers n’importe où.

“Les bateaux risquent de se saborder pour forcer les navires de guerre à les prendre en charge.” Dans cette éventualité, pas de problème : les migrants seront secourus. Mais ils resteront sur place jusqu’à ce que les garde-côtes libyens et/ou tunisiens arrivent, et cela aussi longtemps que nécessaire.

“Les bateaux risquent de refuser de faire demi-tour !” Même réponse. Ils seront immobilisés jusqu’à l’arrivée des garde-côtes tunisiens ou libyens. En attendant, ils seront bien entendu fournis en eau et nourriture.

“Et si les garde-côtes tunisiens ou libyens ne viennent pas ?” Dans ce cas devront déferler les sanctions diplomatiques et éventuellement économiques massives de l’Union européenne sur les pays récalcitrants.

“Mais de quel droit peut-on arraisonner un bateau alors qu’il a atteint les eaux internationales ?” C’est très simple : la suspicion de trafic d’êtres humains, comme le prévoient le droit international et le droit de la mer.

“Cela va coûter un pognon de dingue aux pays de l’Union et à l’Union !” Certes, mais au total, cela nous coûtera bien moins cher que ce que nous coûte l’immigration illégale, tous frais confondus (accueil, logement, soins, insécurité, etc.).

Un tel blocus naval doit faire l’objet d’une très large publicité dans toute l’Afrique pour que les candidats au départ qui, loin d’être aussi misérables qu’on le prétend, réfléchissent à deux fois avant de s’engager dans une odyssée coûteuse, dangereuse et, finalement, sans espoir. C’est comme ça que l’Australie a réussi sa stratégie dite du “no way”.

La marine italienne pourrait contrôler le front de 500 kilomètres

Dans ce contexte, il est particulièrement irritant d’entendre Georgia Meloni appeler l’Europe au secours en guise de seule réponse à la submersion migratoire de son pays. D’autant qu’elle a tout de même été élue pour, sinon la stopper, du moins la juguler de manière significative.

Certes, l’Europe doit aider l’Italie à refouler les dizaines de milliers de migrants qui tentent d’atteindre ses côtes. Mais cela n’exclut certainement pas le fait que l’Italie pourrait déjà commencer à s’occuper de cette invasion avec ses propres moyens.

La marine italienne est la deuxième de l’Union, derrière la France mais devant l’Allemagne. De surcroît, la marine italienne n’est pas éparpillée entre la mer du Nord, la Manche, l’Atlantique, la Méditerranée, la mer des Caraïbes, l’océan Indien et le Pacifique comme la marine française. Son aire de projection principale sinon unique, c’est la Méditerranée.

Avec une marine nationale forte de 91 navires (sans compter les garde-côtes), six sous- marins et 75 aéronefs, le tout servi par 18 000 hommes, l’Italie a donc très largement les capacités de bloquer les bateaux qui partent de Tunisie et de l’ouest de la Libye. C’est un front maritime d’environ 500 kilomètres à surveiller. C’est gérable et largement faisable.

Cette position de Georgia Meloni qui se résume à dire : “je ne bouge pas tant qu’on ne vient pas m’aider ” est donc tout bonnement absurde et frôle la trahison de la majorité des électeurs italiens qui l’ont largement élue afin qu’elle prenne le taureau de l’invasion migratoire par les cornes...

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