SANTE
Face aux flambées des hospitalisations et à la suite de demi-mesures aussi liberticides qu'inefficaces, Emmanuel Macron s'est rendu à l’évidence : il faut durcir le ton, et nous voilà face à un confinement arrangé, un semi-confinement.
Sur le principe, sur l'urgence, concédons qu'il n'y a pas forcément le choix. Le virus est retors et semble inarrêtable. Pour autant, nous n'en sommes plus aux débuts, à la surprise générale, au "nous sommes en guerre"... Nous sommes un an plus tard et continuons de naviguer au doigt mouillé, tantôt infantilisés, tantôt culpabilisés, tantôt encouragés, à coup de prises de paroles de dernière minute et de mesures incompréhensibles.
La semaine ne commence plus le lundi. Elle débute désormais le mercredi ou le jeudi à 19 heures, où sont alors méthodiquement dictées les nouvelles règles de vie du citoyen responsable, du citoyen « en marche ». "Ce que l'on conçoit bien, s'énonce clairement" paraît-il, ce à quoi le gouvernement répond par "Dedans avec les miens, dehors en citoyen". On cherche encore ce qu'ils ont voulu nous dire…
Allez, pour que tout soit clair, et au vu de la situation actuelle, ils peuvent simplifier leur slogan en n'en gardant que le premier mot, qui devient ainsi l'injonction suprême : "Dedans !" ou alors, « Dehors, mais pas très loin, et avec personne ! ».
Voilà bien là un aveu d'échec concernant les mesures prises jusque-là et la vaccination. En même temps, pour cette dernière, on peut décemment se demander si elle n'a pas été condamnée dès le départ. Les ARS ont ouvert des centres de vaccination. Pour y accéder, il fallait s’inscrire via un site internet ou une plateforme téléphonique constamment saturée.
A qui étaient destinées les premières doses ? Aux septuagénaires et aux octogénaires, ceux-là même qui ne savent en général pas se servir d’Internet.
Ceux pour qui se déplacer est souvent compliqué. Il aura fallu attendre plusieurs semaines pour que les médecins généralistes reçoivent enfin les premières doses dans leurs cabinets. Pendant tout ce temps, les listes d’attente se sont allongées. Tout ça sous les injonctions du ministre Véran, sommant les acteurs d'activer la cadence, oubliant qu'il n'y avait pas assez de vaccins. Comble des combles, pour rendre les choses encore plus compliquées, l'exécutif a ensuite permis à de nouveaux acteurs (pharmaciens, sages-femmes, vétérinaires…) de vacciner, histoire de rajouter de la discorde au chaos.
Nous aurions eu pléthore de doses, c'eût été une excellente idée, mais sans vaccin, quel intérêt ? N'est-ce pas là l'illustration de la déconnexion totale entre l'exécutif et le terrain ? Ne parlons même pas de l'épisode de suspension du vaccin AstraZenecca, qui a, sous prétexte de pharmacovigilance, remis une couche de scepticisme et de doute raisonnable dans la tête de tous, piétinant ainsi des semaines de travail de mise en confiance dans les cabinets.
La confiance, voilà ce qui manque à toute cette situation. Chaque jour nous apprenons quelque chose de nouveau, souvent contre-intuitif d'ailleurs, et nous devons nous adapter. Les connaissances évoluent, c'est tout le principe de la Science qui, d'après Bacherard, est un ensemble d'erreurs rectifiées.
C'est de cela dont il s'agit et dont il faut avoir conscience dans cette crise : nous sommes reconfinés sans la moindre remise en question du gouvernement, sans la moindre explication compréhensible, sans ligne directrice et surtout sans perspective à court ou moyen terme.
Il ne s'agit pas de dire qu'untel ou unetelle ferait mieux, cela personne ne peut raisonnablement l'affirmer, il s'agit par contre de pointer le détachement complet de l'exécutif avec le peuple, au point où plus grand monde ne sait finalement ce qu'il se passe.
Gageons que nos prochains dirigeants passeront un temps plus conséquent à rassurer et guider qu'à culpabiliser et infantiliser.